L’Aubrac peuplait les montagnes volcaniques du sud Massif Central dès le 18ème siècle. Elle a pris son nom du village emblématique du plateau : Aubrac. Une sélection de la race fut engagée à l’époque par les religieux du monastère du village d’Aubrac. La Révolution porta un coup sérieux à cette première démarche génétique. Une fois les grands bouleversements historiques passés, Révolution et épopée napoléonienne, et après une nécessaire période de récupération et d’apaisement, le véritable travail d’amélioration du bétail s’est poursuivi avec la création de la Société d’Agriculture d’Aveyron en 1840, relayée ensuite par la création du livre généalogique (Herd-Book) de la race AUBRAC en 1893.
Au début du 20ème siècle, la race Aubrac est très répandue dans le Sud et l’Est du Massif Central et jusque dans le pays Méditerranéen. Race mixte par excellence, elle est utilisée à plusieurs fins : travail, viande et lait. C’est l’âge d’or de la race. C’est au cours des années 1930, avec la fermeture de 80 burons que les premiers signes avant coureurs du déclin survinrent. Le mouvement s’accentua après la guerre lorsque le tracteur commença à concurrencer les bœufs de travail et quand la majorité des propriétaires d’estives abandonnèrent la traite au cours des années 1950/1960. Avec la mécanisation et une traite en voie de limitation, les éleveurs croisèrent alors les Aubrac avec des races à viande (Charolais notamment) pour en faire des bêtes à viande. La généralisation mal maîtrisée du croisement est l’une des causes principales de la chute des effectifs. Les races mixtes ont alors beaucoup de mal à résister aux performances séduisantes des races spécialisées (lait ou A viande). L’orientation agricole de l’époque est au productivisme.
La prise de conscience vient dans les années 70. Refusant de voir leur race s’éteindre, quelques irréductibles décident de résister et relancent la race pure. Grâce à la loi sur l’Elevage de 1966 et au soutien actif d’éleveurs passionnés, l’Union Aubrac est créée en 1979. Dès lors, l’expansion de la race pouvait reprendre dans son berceau d’abord, puis vers de nombreuses régions françaises et enfin dans le monde
La race AUBRAC existe depuis fort longtemps. Les premiers animaux enregistrés au livre généalogique de la race AUBRAC remontent à 1894. La lecture des archives révèle même que la sélection de ce qui allait devenir la fabuleuse race AUBRAC a débuté bien longtemps avant cette date. De vieux écrits notent qu’au XVIIème siècle les religieux de l’ordre des bénédictins, installés dans l’abbaye du village d’AUBRAC (en Aveyron), avaient rassemblé les premiers éléments d’un troupeau rationnellement exploité.
Au début du 20ème siècle, la race AUBRAC était très répandue dans le Sud et l’Est du Massif Central et jusque dans le pays méditerranéen.
Effectifs durant la 1ère moitié du 20ème siècle (animaux de plus de 6 mois)
Année | Effectifs |
1892 (1) | 355 000 |
1902 (2) | 320 000 |
1910 (1) | 334 000 |
1932 (1) | 354 000 |
1943 (2) | 380 000 |
(2) CROZES D., 1994. Une reine aux yeux noirs - livre du centenaire de la race Aubrac 1894 – 1994, Union Aubrac, Rodez, p. 34 et 43.
(1) QUITTET E., 1946. Les races bovines françaises en 1943, ministère de l’Agriculture, Paris, xx pp.
HAVY A. et al, 1994, in la station d’évaluation Aubrac : bilan et propositions pour l’avenir, 1995. BARLERIN M., ENSAT, Toulouse, 49.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, la race AUBRAC subit de plein fouet la double concurrence du tracteur (remplaçant les mythiques bœufs AUBRAC) et la disparition de l’activité laitière dans les burons.
BURONS ASSURANT LA TRAITE DE VACHES AUBRAC
Périodes | Burons | Vaches traites | Fromage de LAGUIOLE |
fin XIXe | 350 | 2 000 t | |
1901 | 294* | 14 000 | 900 t (et 47 t de beurre) |
1940 | 212 | ||
1950 | 141 | 8 000 | 220 t |
1964 | 57 | 25 t |
|
1994 | 3 |
vaches traites sur les estives et fromage fabriqué dans les burons
294* : répartis comme suit (153 en Aveyron, 81 en Lozère et 60 dans le Cantal)
CROZES D., 1994. Une reine aux yeux noirs - livre du centenaire de la race Aubrac 1894 – 1994, Union Aubrac, Rodez, p. 38 et p.43.
ANDRIEUX Etienne et PETIT Claude, mémoire d’Aubrac, édition Subervie, 1997, p. 20
BLANCHON J., transhumance bovine dans le Massif Central, in la transhumance bovine, 1995. Ethnozootechnie, n° 55, société d’ethnozootechnie, Paris, p.61.
Cette période de crise est apparue également chez d’autres races mixtes de montagne (Ferrandaise, Mézine). La nouvelle tendance qui était prônée à l’époque se focalisait exclusivement sur la quantité. Les races mixtes ont eu beaucoup de mal à résister aux performances séduisantes des races spécialisées dans la production laitière (Prim’Holstein) ou les aptitudes bouchères (Limousin, Charolais, et Blond d’Aquitaine après les années 60). La mixité était désormais dépassée.
La généralisation mal maîtrisée du croisement, tout particulièrement avec des taureaux Charolais, est l’une des causes principales de la chute des effectifs en race AUBRAC. La vie et le travail dans les burons devenaient par ailleurs de moins en moins compatibles avec les nouvelles aspirations de la société. Leur rentabilité se réduisait à une peau de chagrin notamment en raison de l’augmentation permanente du coût de la main d’œuvre :
“ Alors que la vente de 100 kg de fromage de Laguiole payait en 1900 les gages d’un ménage de maître-valet, il fallait désormais écouler une tonne de fromage pour régler le même salaire annuel ” (source : livre du centenaire de la race Aubrac 1894 – 1994, p 43.
Année | Effectifs |
1958 (a) | 274 000 |
1964 (a) | 160 000 |
1969 (d) | 103 000 |
1972 (b) | 102 000 |
1973 (c) | 100 400 |
1975 (b) | 83 000 |
1979 (d) | 55 929 |
vaches et renouvellement (doublonnes et bourrettes) : vaches
sources :
a - VISSAC B., 1969. Etude génétique de la race Aubrac (mémoire d’ingénieur), CNRZ Station Centrale de Génétique Animale, Jouy-en-Josas, p. 16.
b - DALMIERES André, 1980. La race bovine Aubrac : quelle orientation pour les années 1980 ? (mémoire de fin d’études), ENSA Rennes, 53 p.
c - SCEES, 1975 in races bovines françaises, 3ème édition mise à jour, QUITTET E. et DENIS B., collection : les races d’animaux domestiques, 1979, p. 6
d - Recensement Général Agricole de 1969 et 1979
Refusant de voir leur race s’éteindre inexorablement pour ne retrouver son nom que dans la liste des espèces disparues, quelques irréductibles, convaincus des spécificités et de la supériorité de la vache AUBRAC sur bien des critères, ont décidé de faire redécouvrir la belle aux yeux noirs. Leur dynamisme et leur motivation ont abouti à la création de l’UNION AUBRAC en 1979.
Proche de l’extinction dans les années 70, la race AUBRAC a repris de l’intérêt grâce à l’application de mesures efficaces mises en œuvre à partir de 1979. Dès lors l’attrait pour l’acquisition d’animaux AUBRAC ne s’est jamais démenti.
Elle a conquis de nombreuses régions en France métropolitaine (Corse, Massif Central, Sud-Est et Nord-Est de la France) mais également dans les DOM-TOM (Guadeloupe, Guyane). Le développement s’est fait également au-delà du territoire français. Plus de 15 pays ont déjà importé des animaux AUBRAC et continuent à acheter régulièrement des animaux, des embryons ou des doses de taureaux d’insémination (Allemagne, Irlande, Suisse, Russie, Lituanie, Hongrie, Autriche, Grande-Bretagne, Espagne, Luxembourg, Portugal, Canada, Etats-Unis, Maroc, Italie, Belgique, Nouvelle-Zélande…).
L’UNION AUBRAC, association d’éleveurs, a réussi à atteindre ses objectifs très ambitieux de repositionner la race AUBRAC à la hauteur de ses qualités. Elle y est parvenue car elle a fédéré tous les éleveurs AUBRAC et a construit avec eux une politique de sélection cohérente.
animaux inscrits et suivis à l’UNION AUBRAC de 1976 à 1991
Année | Eleveurs adhérents | Vaches suivies |
1976 | 174 | 2 500 |
1981 | 200 | 4 000 |
1986 | 310 | 12 585 |
1991 | 422 | 19 217 |
animaux inscrits et suivis à l’UNION AUBRAC de 1993 à 2009
Année | Eleveurs adhérents | Vaches suivies |
1993 | 464 | 22 163 |
1995 | 568 | 26 965 |
1996 | 591 | 28 660 |
1999 | 590 | 31 856 |
2002 | 550 | 35 774 |
2007 | 590 | 37 518 |
2009 | 614 | 36 190 |
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